mercredi 25 novembre 2015

ARTICLE SUR ACTUABD DE NOVEMBRE 2015

A propos de XIII Mystery



Le site ActuaBd consacre aujourd'hui un article consacré au dernier numéro de L'Express Bd, disponible en kiosque depuis quelques semaines, qui revient en profondeur sur la saga XIII.
Dans leur article, les reporters d'ActuaBD citent Frank Giroud et Colin Wilson, auteurs du récent XIII Mystery consacré à Martha :

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XIII Mystery : bien plus qu’une série de spin-off

Inaugurée magistralement avec La Mangouste de Dorison & Meyer qui brillent actuellement avec Undertaker, la série des XIII Mystery s’est révélée finalement un intéressant complément à la série-mère. Inégale par définition, certaines associations d’auteurs (toutes inédites) ont permis d’aboutir sur d’audacieux partis-pris. Ainsi le déroutant album consacré au fugace personnage de Martha Shoebrigde, sans doute la moins glamour des femmes de XIII, mais dont Frank Giroud & Colin Wilson sont parvenus à tirer un passionnant préquel au Jour du Soleil noir.
Une exposition se déroule à la Maison de la BD de Bruxelles est justement consacrée à ces deux héroïnes de XIII aussi différentes qu’intéressantes : Marta Shoebridge, la médecin alcoolique qui soigne XIII dans le premier tome de la série, et la volcanique Felicity Brown qui domine le tome 2 Là où va l’indien ainsi que l’épisode du Costa Verde. C’était l’occasion de recueillir les commentaires de ces auteurs, à commencer par Frank Giroud :

« Dès le début, j’ai voulu travailler sur Martha Shoebridge, car c’est un des personnages les plus émouvants de la série, parce que j’apprécie les destins de femmes, et que l’on ne sait pratiquement rien d’elle. Après le stimuli de départ, je préfère avoir la liberté de pouvoir créer plutôt que de me raccrocher à trop d’éléments inamovibles. Pour autant, mon défi énorme était cette demande du cahier des charges de relier Martha aux autres personnages de la série. Dans le cas de Marta, c’était compliqué car elle disparaît avec que les autres n’apparaissent. Cette gageure excitante m’a imposé de me triturer les méninges, un réel plaisir ! Rien ne m’ennuie tant que le manichéisme ou les personnages monolithiques : je cherche les fêlures avant de les agrandir et je vois comment l’individu de papier cherche à les réduire. J’ai aussi essayé de rapprocher Martha le plus possible du lecteur, par exemple avec le chien dont le nom n’a finalement pas été choisi au hasard si l’on est attentif… Je voulais surtout étudier les réactions d’une fille brillante et pleine de valeurs, mais issue de la classe moyenne, ce qui l’amène à être méprisée par cette caste qui la juge sur sa façon de s’habiller et son comportement.
Concernant le personnage de William Sheridan qu’on connaissait très peu, je suis resté dans la ligne de l’inspiration de Jean Van Hamme, en prenant JFK comme modèle : le politicien homme à femmes, avec un aspect un peu crapuleux sous l’idole. Rappelons que Jean Van Hamme est impliqué de A à Z dans ces albums, et qu’il a suivi le développement de l’intrigue depuis le début du synopsis jusqu’à la fin de l’écriture du scénario ! Lorsqu’on indique sur la page de titre qu’il dirige la collection, ce n’est pas du marketing ! »
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Sur le bateau des Sheridan croisant au large de Peacock Bay, s’entremêlent deux frères, une femme amoureuse, une autre jalouse : tous les ingrédients d’un drame sont réunis...
XIII Mystery, T8 : Martha Shoebridge - Par Colin Wilson & Frank Giroud - Dargaud
« Concernant mon association avec Frank, continue Colin Wilson. « Nous avions essayé à plusieurs reprises de travailler ensemble, mais sans que nos projets n’aboutissent. Et après trente ans, l’occasion nous a donc enfin été donnée de concrétiser cette envie commune ! J’ai été surpris d’apprendre que nous allions travailler un personnage féminin, car j’ai parfois du mal à bien retranscrire une héroïne sans tomber dans l’aspect glamour et idéalisé que l’on voit normalement en bande dessinée, et très stéréotypé dans les comics américains.
Concernant les décors, les voitures et les autres éléments, j’ai dû créer une ligne du temps pour bien comprendre en quelle année se situait chaque séquence, car on se balade sur près de dix ans. À partir des bons éléments, j’ai alors essayé de recréer l’atmosphère authentique de l’époque aux États-Unis. Une autre difficulté résidait dans la reprise de personnages préexistants qu’il a fallu rajeunir ! Concernant les dernières pages de l’album, j’ai effectivement voulu me rapprocher du style de William Vance afin de réaliser une continuité avec le premier tome de XIII ! »